lundi 19 décembre 2016

Les REL, un atout considérable pour les apprenants…



Le numérique n’a cessé, au cours de ces dernières années, de modifier le processus de diffusion des savoirs. Comme la formation à distance aussi est à la mode, l’accès à la documentation éducative et de recherche est devenu une priorité pour les acteurs pour aider les apprenants.

Dans la dynamique de développer l’accès aux ressources éducatives, les ministres francophones se sont réunis en janvier 2015 au Mali (Bamako) pour « examiner l’état et les perspectives de développement numérique de l’espace universitaire francophone ». C’est lors de cette grande rencontre que l’AUF (Agence Universitaire Francophone) s’est vue confier l’élaboration du Méta-portail IDneuf. Ce portail, riche de 36000 ressources, est constitué de supports de cours, d’études de cas et exercice, diaporamas, tutoriels, questionnaires, listes de références, auto-évaluations, etc.

Pour la sensibilisation à l’utilisation et à la production de ressources éducatives libres qu’un atelier sous régional a été organisé à Dakar, regroupant plus de 07 (sept) nationalités africaines. L’atelier Barcamp sur les REL (Ressources éducatives libres) a été organisé dans le but de sensibiliser le professionnels de l’information (documentalistes) de l’espace universitaire francophone afin qu’ils puissent maîtriser cet outil de recherche et de faire sa promotion auprès des universitaires (décideurs et utilisateurs). Il a été organisé le 05 et 06 décembre 2016 au Bureau de l’Afrique de l’Ouest de l’AUF.

Avantages de la plateforme IDneuf 

IDneuf vient à son heure dans un contexte marqué par l’ouverture de la science et le développement de la formation à distance. Il a été développé par l’IFIC (Institut de la Francophonie pour l’Ingénierie de la Connaissance et la Formation à distance en partenariat avec l’Université de Valenciennes et la Téluq (Québec), avec le soutien de la Communauté académique francophone. 

Le méta-portail iDneuf est très pratique car « chaque utilisateur peut devenir acteur en indexant et partageant de ressources ».

Cet aspect de partage de ressources est un pilier très important pour les acteurs qui ont réfléchi à l’élaboration de cette plateforme. Cette dernière est un moyen simple pour les étudiants, enseignants et chercheurs, personnel administratif ou technique dans les universités, mais aussi des dirigeants et décideurs académiques ou du monde socio-économique pour accéder facilement à des milliers de ressources éducatives libres. En fait, c’est une vitrine pour ceux qui y archivent leurs travaux. Bref, c’est un cadre approprié pour la mutualisation des connaissances.

Au-delà de la mutualisation des connaissances, IDneuf permet : 

  • Du point de vue de la formation : 
- Contrôle du plagiat ;
- Accès à des modules de formation d’institutions prestigieuses ;
- Etc.

  • Du point de vue de la production scientifique :
- Accès aux contenus scientifiques ;
- Ouverture de la science (accessibilité et Gratuité de la science) ;
- Moissonnage des notices ;
- Facilité de publication ;
- Facilité de mise à jour ;
- Etc.

  • Du point de vue de la visibilité (Partenariat, Mondialisation, Transdisciplinarité) :
- Favoriser la collaboration entre les auteurs ;
- Valorisation et visibilité des travaux de recherche ;
- Réutilisation et partage des ressources ;
- Mutualisation des ressources à travers des Archives Ouvertes ;
- Favoriser le réseautage institutionnel et des producteurs (mobilité) ;
- Etc.

  • Du point de vue de la valorisation :
- Encourage la compétitivité positive entre les auteurs ;
- Dissémination des ressources éducatives libres ;
- Valorisation de l’institution et des producteurs ;
- Evaluation de la ressource par les utilisateurs eux-mêmes ;
- Etc.

  • Du point de vue économique : 
- Gratuité des ressources ;
- Gain de temps dans la recherche d’informations ;
- Accessibilité sans contraintes spatio- temporelles ; 
- Réduction des dépenses d’acquisition et de publication ;
- Etc.

  • Du point de vue du numérique : 
- Réduction de la fracture numérique




Quelles relations entre REL et Professionnels de l’Information Documentaire (PID) ?

Il existe une parfaite corrélation entre les missions des PID et les ressources éducatives libres. Les REL s’appuient sur les PID pour leur identification, leur large diffusion et leur exploitation optimale par les utilisateurs. Les bibliothécaires et documentalistes ont la charge de faire connaitre ces portails où sont logées ces ressources libres aux usagers des bibliothèques, mais également en leur formant à leur utilisation. Dans ce contexte précis, le bibliothécaire - documentaliste joue son rôle de médiateur entre l’information et l’usager.

Dans un autre sens, les REL constituent pour les bibliothèques et centres de documentation un complément de ressources documentaires. 

Dans un contexte marqué par l’attribution de faibles budgets pour les instituts documentaires et une constante augmentation des ressources scientifiques, les REL présentent une bonne alternative pour combler le gap et compléter les ressources documentaires des bibliothèques. 

La relation existante entre les professionnels des bibliothèques et centres de documentation et les ressources éducatives libres (OER) est une relation gagnant-gagnant où toutes les parties s’y retrouvent. Les REL ont une large diffusion et sont mieux exploitées et les bibliothèques voient leur fonds documentaire augmenté. 

Les REL et les licences Creative Commons (CC)

Créé en 2001 par James Boyle, Lawrence Lessig et Hal Abelson, le Creative Commons (CC) propose des contrats types ou licences pour la mise à disposition d’œuvres en ligne. Inspirés par les licences libres, les mouvements « Open Source » et « Open Access », ces licences facilitent l’utilisation d’œuvres comme les textes, les photos, la musique, etc.

Ces licences s’adressent principalement aux auteurs souhaitant : 
  • Partager et faciliter l’utilisation de leur création par d’autres ; 
  • Autoriser gratuitement la reproduction et la diffusion (sous certaines conditions) ; 
  • Accorder plus de droits aux utilisateurs en complétant le droit d’auteur qui s’applique par défaut ; 
  • Faire évoluer une œuvre et enrichir le patrimoine commun (les biens communs ou Commons) ; 
  • Economiser les coûts de transaction ; 
  • Légaliser le « peer to peer » de leurs œuvres. 
  • Etc. 

Les ressources éducatives livres sont fondées sur cette philosophie et adoptent les licences Creative Commons. Ce qui donne une certaine ouverture et une large diffusion des REL. Avec le Creative Commons, les REL sont en constante évolution (remixer) et s’améliorent davantage (open science). 

Le CC repose sur un modèle où « tout ce qui n’est pas interdit est permis ». 

Mais attention ! Il y a des règles de jeu à respecter. Il ne faut pas confondre libre et gratuit. 

Le CC est composé de 4 options :

Vous êtes tenu à citer l’auteur de l’œuvre 

L’auteur autorise les autres à reproduire, à diffuser et (à moins que vous choisissiez ‘Pas de Modification’) à modifier son œuvre, pour toute utilisation autre que commerciale, à moins que vous obteniez son autorisation au préalable.

L’auteur accorde les autres à reproduire, diffuser et modifier son œuvre, à condition qu’ils publient toute adaptation de leur œuvre sous les mêmes conditions que son œuvre. Toute personne qui souhaiterait publier une adaptation sous d’autres conditions doit obtenir l’autorisation préalable de l’auteur.

L’auteur admet la reproduction et la diffusion uniquement de l’original de votre œuvre. Si quelqu’un veut la modifier, il doit obtenir l’autorisation préalable de l’auteur.

Avec ces 4 options, il est possible d’avoir 6 licences CC différentes en faisant des combinaisons. Ces 6 licences se définissent comme suit : 

1. Attribution (BY): Le titulaire des droits autorise toute exploitation de l’œuvre, y compris à des fins commerciales, ainsi que la création d’œuvres dérivées, dont la distribution est également autorisée sans restriction, à condition de l’attribuer à son l’auteur en citant son nom. Cette licence est recommandée pour la diffusion et l’utilisation maximale des œuvres.

2. Attribution + Pas de Modification (BY ND) : Le titulaire des droits autorise toute utilisation de l’œuvre originale (y compris à des fins commerciales), mais n’autorise pas la création d’œuvres dérivées.

3. Attribution + Pas d’Utilisation Commerciale + Pas de Modification (BY NC ND) : L’auteur autorise l’utilisation de l’œuvre originale à des fins non commerciales, mais pas pour la création d’œuvres dérivées.

4. Attribution + Pas d’Utilisation Commerciale (BY NC) : le titulaire des droits autorise l’exploitation de l’œuvre, ainsi que la création d’œuvres dérivées, à condition qu’il ne s’agisse pas d’une utilisation commerciale.

5. Attribution + Pas d’Utilisation Commerciale + Partage dans les mêmes conditions (BY NC SA): Le titulaire des droits autorise l’exploitation de l’œuvre originale à des fins non commerciales, ainsi que la création d’œuvres dérivées, à condition qu’elles soient distribuées sous une licence identique à celle qui régit l’œuvre originale. Les REL adoptent de plus en plus cette licence.

6. Attribution + Partage dans les mêmes conditions (BY SA) : Le titulaire des droits autorise toute utilisation de l’œuvre originale (y compris à des fins commerciales) ainsi que la création d’œuvres dérivées, à condition qu’elles soient distribuées sous une licence identique à celle qui régit l’œuvre originale. Cette licence est souvent comparée aux licences « copyleft » des logiciels libres. C’est la licence utilisée par Wikipedia.

Les licences Creatives Commons permettent une large diffusion des REL, une bonne amélioration des ressources éducatives libres, mais aussi leur protection vis-à-vis de certaines pratiques. Les auteurs de ces contenus y trouvent également leur compte dans la mesure où ils auront plus de visibilité et de citation, de même que leurs institutions.

L’atelier régional sur les ressources éducatives libres a été un moment de partage entre collègues africains. C’est ce dernier même (le partage) qui constitue l’une des missions premières des plateformes telles qu’IDneuf qui est une véritable mine d’informations. Son utilisation efficiente pourrait participer convenablement à élever le taux de réussite de ses utilisateurs. Elle devrait être adoptée et accompagnée par les décideurs, surtout les gouvernements francophones qui ont eu cette brillante idée de mettre en place la plateforme IDneuf qui est une base de données bibliographiques de 36000 ressources libres.

Cependant, il convient de noter que la présence des auteurs africains est très faible. Nous espérons donc que les participants de cet atelier sauront renverser la tendance par une forte sensibilisation des utilisateurs.

Les REL s’appuient sur quatre options (les 4 R : Réutiliser, Réviser, Redistribuer et Remixer) qui définissent le partage intégral ainsi que la possibilité de créer des produits dérivés de ces ressources libres. Le constat est que l’ouverture de la science est un impératif dans un monde où la mondialisation a dépassé son statut de concept. C’est devenu un mode de vie des populations contemporaines.




Cet article a été publié en collaboration avec Bassirou DIAGNE, conservateur des Bibliothèques, Documentaliste au Centre de Recherches et de Documentation du Sénégal (CRDS) de l’Université Gaston Berger de Saint-Louis, blogueur et poète.