Le
Réseau francophone numérique (RFN) — qui a été créé sous le nom de Réseau
francophone des bibliothèques nationales numériques (RFBNN) — a pour mission de
favoriser la numérisation de documents patrimoniaux francophones et de
faciliter leur consultation en ligne.
L’idée
de créer pareil réseau revient à M. Abdou Diouf, l’actuel secrétaire général de
l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). « M. Diouf croyait
fermement que la Francophonie devait s’investir dans le numérique et qu’il
fallait aider les établissements, comme les bibliothèques nationales, à faire
ce passage », raconte Guy Berthiaume, bibliothécaire et archiviste du Canada à
Bibliothèque et Archives Canada (BAC). M. Berthiaume a été le secrétaire
général du RFN de 2010 à 2014, au moment où il était le président-directeur
général de Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ).
À
sa création, en 2006, le RFBNN compte six membres, soit les bibliothèques
nationales de la Belgique, du Canada, de la France, du Luxembourg, du Québec et
de la Suisse. Se joint à ce premier groupe, quelques mois plus tard, la
Bibliothèque d’Alexandrie. En 2010, le RFBNN prend le nom de RFN et s’ouvre à
tous les établissements documentaires patrimoniaux de la Francophonie qui
désirent y adhérer. Aujourd’hui, le RFN compte 24 établissements membres
provenant de 17 pays membres de l’OIF. Outre le Canada, le Québec et les pays
francophones en Europe, les établissements membres proviennent des pays
suivants : Bénin, Burkina Faso, Cambodge, Côte d’Ivoire, Égypte, Haïti,
Madagascar, Mali, Maroc, Sénégal, Tunisie et Vietnam. L’actuel secrétaire
général du RFN est M. Driss Khrouz, le directeur de la Bibliothèque nationale
du royaume du Maroc.
Entend-on
à l’avenir élargir le réseau et augmenter le nombre des membres ? « Pour le
moment, il n’y a pas de logique qui nous mènerait à vouloir multiplier les
établissements membres, précise Guy Berthiaume. Nous sommes toujours ouverts à
de nouvelles candidatures. Mais je crois que, avec nos membres actuels, nous
avons réussi à fédérer l’ensemble des organisations documentaires patrimoniales
francophones. Notre objectif est plutôt de resserrer la collaboration entre nos
membres. »
D’abord
former
«
La première mission qu’on s’est donnée fut d’organiser des missions de
formation en numérique et en techniques de numérisation, poursuit-il. Ces
missions de formation ont été dispensées par les bibliothèques nationales des
pays développés, notamment la Bibliothèque nationale de France et la
Bibliothèque nationale du Québec, vers les bibliothèques et archives nationales
des pays en voie de développement. Ces formations se font sur place avec le
personnel en poste dans les bibliothèques et les archives nationales des pays
qui reçoivent ces formations. Avant de faire fonctionner un réseau numérique
comme celui qu’on voulait mettre en place avec le RFN, il fallait commencer par
s’assurer que tous les établissements aient les outils nécessaires pour mettre
en place un projet de numérisation de documents. Il est évident que le
numérique est moins présent dans les établissements des pays en voie de
développement qu’il ne l’est dans les pays développés, comme la France et le
Québec. »
La
seconde mission fut de créer un portail Internet qui servirait d’outil de
regroupement. Ce mandat fut confié à BAnQ et la première version a vu le jour
en 2008. Une refonte du site a suivi quelques années plus tard. L’adresse du
site est www.rfnum.org. « BAnQ a conçu le site Internet et l’héberge dans un de
ses serveurs. Mais le site Internet ne contient pas les documents. Ceux-ci sont
logés dans les serveurs des établissements nationaux où ils se trouvent.
Lorsqu’on clique sur un document disponible dans le site du RFN, on est
automatiquement redirigé vers le site de l’établissement où loge le document.
Ainsi, un document provenant de la Tunisie amène les internautes à la
Bibliothèque nationale de la Tunisie. »
Comment
ça fonctionne
Ce
sont les établissements membres qui choisissent les documents qui seront
numérisés et ensuite déposés dans le réseau. « Nous avons un comité de pilotage
qui s’assure que les documents soumis sont conformes à nos attentes. Ce sont
tous des documents patrimoniaux qui ont une valeur historique. Ce qui explique
que la très grande majorité des documents déposés auprès du RFN sont
d’anciennes éditions de journaux et de revues. C’est d’ailleurs ce que nous
avaient demandé bon nombre d’historiens et de généalogistes qui se servent de
ces documents pour leurs travaux. » On trouve aussi des livres, des documents
d’archives, des images, de l’audiovisuel ainsi que des plans et des cartes.
La
numérisation des documents est aux frais des établissements membres. « Et les
établissements membres ne déposent pas dans le RFN tous les documents qu’ils
ont numérisés, mais seulement ceux qu’ils jugent pertinents. » Le RFN reçoit un
soutien financier de l’OIF pour acquitter les frais de sa réunion annuelle et
aussi les frais de déplacement des formateurs.
Le
comité de pilotage du RFN, auquel siège l’actuelle présidente-directrice
générale de BAnQ, Mme Christiane Barbe, proposera prochainement un nouveau plan
triennal. « La formation demeure encore notre fer de lance, souligne Guy
Berthiaume. Mais nous voulons aussi augmenter le nombre des documents déposés,
particulièrement les documents audiovisuels. Mais, sans doute, un de nos
nouveaux défis sera de travailler en plus étroite collaboration avec les États,
afin de les convaincre d’investir davantage dans la numérisation des documents
patrimoniaux de leurs établissements respectifs. C’est pour nous très
important, parce que ce qui est numérisé, c’est la mémoire de ces pays. Par
exemple, si on avait pu intervenir en Haïti avant le séisme, de nombreux
documents n’auraient pas été perdus à tout jamais. »
Source: Le Devoir
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